Captures de dauphins – Des associations pour un moratoire hivernal d’un mois de la pêche en mer


Des associations de défense de l’environnement ont plaidé mardi à La Rochelle pour un moratoire hivernal d’un mois de la pêche au filet afin de diminuer les prises accidentelles de dauphins, dont déjà plus de 400 ont été retrouvés morts échoués cette année.

Plus de 400 dauphins ont été capturés accidentellement cette année et 512 depuis le 1er décembre d’après des chiffres de Pélagis, cités par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et France nature environnement (FNE) lors d’un point de presse devant cet observatoire des mammifères et oiseaux marins. À l’intérieur, l’AFP a pu assister à l’autopsie d’un jeune dauphin, sa carcasse éventrée étendue sur une table. Non loin, dans un bac, quatre autres cadavres de cétacés adultes avaient déjà été étudiés.

« 400 dauphins (morts de captures accidentelles) depuis le 1er janvier sur environ 500 signalements d’échouage, c’est autant en moins de deux mois que lors des plus petites années de chiffrage, qui existe depuis les années 1980 », explique Willy Dabin, ingénieur à Pélagis. « Depuis cinq ou six ans, on mesure une augmentation constante de la mortalité (…), l’année en cours est un record par rapport à la précédente. On ne peut que dire « alerte » quand on parle d’une espèce, le dauphin commun, qui a une faible reproductivité », dit-il. Selon M. Dabin, cela montre « une exploitation du milieu qui n’est pas durable ».

« Les filets, qui étaient déjà souvent très longs, sont aujourd’hui aussi très hauts. Les filets calés pour le merlu peuvent atteindre 10 mètres de haut. Cela forme de véritables murs », explique Dominique Chevillon, membre de Ré nature environnement, liée à FNE. « Nous demandons un moratoire sur la pêche de trois semaines ou un mois entre le 15 janvier et le 15 mars », poursuit le militant, selon qui « l’Etat devrait indemniser les pêcheurs ». Cette solution séduit davantage les scientifiques que les pingers, dispositifs acoustiques pour éloigner les cétacés.

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« Si on met des pingers partout, le golfe (de Gascogne) sera un pinger géant, très bruyant et on n’aura plus de dauphin », prévient ainsi Willy Dabin. « C’est pourquoi des recherches sont faites sur des filets avec des mailles métalliques qui soient visibles par les animaux ».

L’engagement d’équiper les chalutiers de ces dispositifs fait partie d’un plan gouvernemental pour limiter les captures accidentelles de dauphins présenté début février par la ministre de la Mer Annick Girardin. Un plan contre lequel FNE a formé mi-février un recours auprès du Conseil d’Etat. Mme Girardin a estimé la semaine dernière dans des propos à l’AFP avoir obtenu « des engagements forts » de la part des pêcheurs, reconnaissant que « peut-être la France a fait l’autruche trop longtemps sur les recommandations de la Commission européenne », qui lui demandait d’agir. « Quelle est la part du réchauffement climatique ? de la mortalité naturelle ? des engins qu’on utiliserait ? de la responsabilité des pêcheurs ? (dans l’échouage de dauphins, ndlr). Aujourd’hui, on n’est pas capable de me dire », a-t-elle dit. « Quand FNE dit que 90 % des dauphins échoués sont le résultat d’une pêche accidentelle, ce chiffre n’est absolument pas étayé ». Les pêcheurs français estiment, eux, faire l’objet d’une « campagne de diabolisation » de la part d’ONG.



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