Annulée, l’exposition « Plein air, de Corot à Monet » refleurit sur la toile


Faire contre mauvaise fortune bon cœur : ce proverbe résume l’action du musée des Impressionnismes à Giverny. Dans le cadre du Festival Normandie impressionniste, l’exposition « Plein air, de Corot à Monet » était censée ouvrir le 27 mars dernier mais le confinement en a décidé autrement : un coup dur ! Face à l’impossibilité de prolonger les prêts obtenus de musées et de collectionneurs privés, notamment en Italie, l’annulation s’est trouvée inévitable pour le directeur, Cyrille Sciama. Alors comment consoler les visiteurs orphelins ?

Une exposition qui dessine l’archéologie de l’impressionnisme, en remontant à la fin du XVIIIe siècle.

Hors de question de remiser le projet ambitieux aux oubliettes. Pour Cyrille Sciama, « il fallait faire vivre le travail de recherche entrepris ». Un travail qui consistait non moins qu’à dessiner l’archéologie de l’impressionnisme, en remontant à la fin du XVIIIsiècle ». Le public devait découvrir entre autres raretés les études de la campagne romaine de François Marius Granet, les effets d’atmosphère méticuleux de l’Anglais John Constable, les marines de Gustave Courbet et d’Édouard Manet mais aussi les œuvres du groupe italien des Macchiaioli ayant, dans la campagne toscane du milieu du XIXsiècle, ouvert la voie à Eugène Boudin et bientôt à Gustave Caillebotte et Claude Monet. En plus du catalogue – tout de même publié – et de l’audioguide de l’exposition reversé sur la plateforme Youtube, il fallait marquer le coup : « L’idée était de rendre virtuelle l’exposition. La présence d’images, nombreuses et de haute qualité, a été rendue possible par le partenariat préexistant entre le musée et Google, qui a permis d’exploiter le service Arts & Culture ».

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Les cinq sections de l’exposition deviennent cinq galeries virtuelles, diaporamas qualifiés d’« histoires » sur le site. Le propos est resserré sur, tout de même, une cinquantaine d’œuvres commentées, à explorer dans le détail au gré d’une navigation linéaire. Numérisées en hautes fidélité et définition, les images sont observables à la loupe, ce qui permet d’admirer les coups de brosse de Constable restituant une Pluie d’orage sur la mer (1824–1828), les rehauts d’ocre donnant toute sa majesté à la Paysanne en forêt de Fontainebleau (1830–1832) de Camille Corot ou encore de suivre les clients du café flottant à la scène de La Grenouillère (1869) peinte par Auguste Renoir, sur fond d’un texte de Maupassant.

John Constable, Pluie d’orage sur la mer

John Constable, Pluie d’orage sur la mer, 1824–1828

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Huile sur papier marouflé sur toile • 23,5 × 32,6 cm • Royal Academy of Arts, Londres • © Royal Academy of Arts, Londres/Google Arts & Culture/Musée des Impressionnismes, Giverny.

Des documents d’époque, photographies et caricatures qui témoignent de l’évolution du matériel du peintre facilitant la peinture en extérieur (apparition des chevalets portatifs, des tubes de peinture, etc) sont aussi « exposés », tandis que les paysages peints sont confrontés à des vues contemporaines de sites sur la plateforme Google Earth (par exemple, le Colisée de Rome peint par Camille Corot en 1825). Ainsi, la mission pédagogique de l’exposition est conservée, sinon renforcée.

Cyrille Sciama caractérise l’expérience comme « l’accélérateur d’une impulsion en faveur du numérique déjà très développé à Giverny ».

Nécessaire durant le confinement, l’exposition virtuelle ne remplacera jamais l’exposition classique et ce n’est pas son objet ! Elle ne doit pas être vue comme un ersatz mais bien comme un complément du parcours physique. Cyrille Sciama caractérise l’expérience comme « l’accélérateur d’une impulsion en faveur du numérique déjà très développé à Giverny », dont le musée programme la mise en ligne complète des collections pour juin 2020. Visiter le musée depuis son canapé ne vaut certainement pas le face-à-face direct avec les œuvres mais celui-ci devrait être de nouveau possible autour du 1er juillet au musée des Impressionnismes. Quant à l’exposition « Plein air », souhaitons que l’avenir lui donne à Giverny ou ailleurs la possibilité d’être remontée…

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L’audioguide illustré de l’exposition :

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Catalogue de l’exposition “Plein air, de Corot à Monet”

À paraître le 4 juin 2020

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Musée des Impressionnismes – Giverny



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