Abdulrazak Gurnah, auteur d’Adieu Zanzibar, lauréat du prix Nobel de littérature 2021


L’écrivain tanzanien a été consacré pour son récit «empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents».

Chaque année, l’Académie suédoise joue avec nos nerfs. Comme aucune liste officielle n’est jamais établie, les rumeurs fusent sur les sites de paris en ligne. Jusqu’au dernier moment, on a ainsi pu dire grands favoris le Japonais Haruki Murakami, la Canadienne Anne Carson, la Russe Ludmila Oulitskaïa ou encore la Française Annie Ernaux. Mais les académiciens n’en font qu’à leur tête. Loin de tout pronostic, ils ont choisi de sacrer un Tanzanien.

À 13 heures, jeudi, l’Académie suédoise a révélé, depuis les salons de la Svenska Akademien, le nom du lauréat pour le prix Nobel de littérature 2021. Elle a choisi Abdulrazak Gurnah. Une récompense surprise couronnant une œuvre entamée à la fin des années 1980. L’Académie l’a salué «pour son traitement intransigeant et plein de compassion des effets du colonialisme et du destin des réfugiés dans le gouffre qui sépare les cultures et les continents».

Abdulrazak Gurnah est peu connu du grand public. Sa notice Wikipédia anglaise tient en dix lignes et les quelques livres traduits en français ne sont plus disponibles. Sur des thématiques similaires, il est étonnant que Ngugi wa Thiongʼo ou Maryse Condé n’aient pas été retenus.

L’Afrique, parent pauvre du Nobel

Sur les dix derniers prix, six étaient européens. L’Académie suédoise rompt donc avec cette habitude de couronner des auteurs du Vieux Continent. L’Afrique était considérée comme le parent pauvre de ce prestigieux prix puisque, avant le couronnement d’Abdulrazak Gurnah, seuls quatre auteurs du continent (les Sud-Africains Nadine Gordimer en 1991 et J.M.Coetzee en 2003, l’Égyptien Naguib Mahfouz en 1988 et le Nigérian Wole Soyinka en 1986), avaient reçu la récompense.

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Abdulrazak Gurnah est né en 1948. Il a grandi sur l’archipel de Zanzibar avant d’arriver au Royaume-Uni en tant que réfugié à la fin des années 1960. Bien que le swahili soit sa première langue, il a choisi l’anglais pour écrire ses livres dès l’âge de 21 ans. C’est à compter de son quatrième roman Paradise (1994, traduit chez Denoël) qu’il a été reconnu pour sa plume. Il est également l’auteur d’Adieu Zanzibar (Galaade), récompensé en 2007 par le prix RFI Témoin du monde.

L’auteur a publié dix romans et un recueil de nouvelles, tous traitant du tournant que peut prendre la vie des réfugiés. À travers ses textes, il interroge « le hiatus culturel et géographique, entre vie passée et nouvelle vie». «C’est un état d’insécurité qui ne peut jamais être résolu», estime l’Académie suédoise. Récemment retraité, Abdulrazak Gurnah était professeur d’anglais et de littérature postcoloniale à l’université du Kent, à Canterbury.

Une liste de poids lourds

Avec cette décision de l’Académie suédoise, la française Annie Ernaux (81ans), les américains Joyce Carol Oates (83 ans), Don DeLillo (84 ans), Cormac McCarthy (88 ans), le portugais Antonio Lobo Antunes (79 ans), l’italien Claudio Magris (82 ans) font toujours partie de la liste des candidats de poids malheureux au Nobel. Abdulrazak Gurnah, lui, repart avec une coquette somme de 8 millions de couronnes suédoises, soit à peu près 740 000 euros.

En 2020, le comité Nobel avait consacré la poétesse Louise Glück. Couronnée pour «sa voix poétique caractéristique, qui avec sa beauté austère rend l’existence individuelle universelle», l’Américaine de 78 ans a publié douze recueils de poésie depuis ses débuts en 1968, son plus connu étant Averno, sorti en 2006.

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Depuis 1901, le plus prestigieux des prix littéraire est remis à ceux ayant rendu service à l’humanité par leurs écrits, et selon les mots d’Alfred Nobel lui-même «fait preuve d’un puissant idéal».


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