À quoi va ressembler Paris+ la nouvelle foire parisienne d’art contemporain organisée par Art Basel au Grand Palais Éphémère ?


Un nouveau chapitre s’ouvre-t-il pour Paris, ses galeristes, ses artistes, ses collectionneurs ? D’une pichenette, Paris+ par Art Basel a envoyé la Fiac aux oubliettes : la capitale rejoint l’empire MCH, qui détient déjà trois des foires les plus prescriptrices au monde : Bâle l’historique, Miami la « fashion », et enfin Hong Kong, tournée vers le continent asiatique. Qu’attendre de cette révolution de Palais ? Une Fiac+++ ou un Art Basel au rabais ? Oublions son titre aussi complexe que bancal : ses organisateurs promettent de faire de la ville un rendez-vous incontournable.

Clément Delépine, directeur de Paris+ par Art Basel

Clément Delépine, directeur de Paris+ par Art Basel

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© Photo Ilyes Griyeb / Art Base

« Il y a incontestablement un moment parisien, constate Clément Delépine, jeune directeur désigné par son mentor Marc Spiegler, patron d’Art Basel, pour prendre les commandes de la foire. Il y a encore cinq ans, vu de New York, Paris était une belle endormie. » Mais, soudain, trois fondations privées s’y sont installées (Lafayette Antipations, la Collection Pinault et la fondation Louis Vuitton), les galeries étrangères ont été de plus en plus nombreuses à s’y ancrer, de l’israélienne Dvir à la californienne Fitzpatrick, et bientôt le mastodonte Hauser & Wirth, dit-on. « Elles ne l’ont pas fait par romantisme, mais bel et bien parce qu’il y a un marché, poursuit l’ex-galeriste, qui s’est fait remarquer en codirigeant avec Silvia Ammon la foire off Paris Internationale. Il y a une conjonction de planètes, entre le déclin de Londres post-Brexit et l’internationalisation de Paris, qui semble moins hostile que par le passé. » Bref, un terreau fertile où s’installer. « Nous n’avons pas la prétention d’apporter la lumière à Paris, pondère Clément Delépine, nous voulons plutôt nous reposer sur ce que la ville a à offrir en termes de distraction, d’art de vivre, de gastronomie. »

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C’est le sens du + de Paris+, avait promis le groupe MCH quand il a répondu à l’appel public à concurrence lancé par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (RMN-GP), à la fin de l’année dernière. Monté en neuf mois, dans un Grand Palais Éphémère qui ne peut prétendre égaler son frère aîné, Paris+ ne tiendra pas cette année toutes ses promesses : « Nous développerons davantage par la suite les liens avec toutes les autres industries créatives que sont la mode, le cinéma, la littérature, la musique, promet son directeur. Pourquoi ne pas envisager, par exemple, une collaboration avec le festival Rock en Seine ou un dialogue entre les galeries et le monde de la mode, pendant la Fashion Week ? » Mais tout cela, ce sera pour plus tard.

Des colosses et des jeunes pousses remises au centre de la foire

Cette première édition 2022 est avant tout une foire, juste une foire, mais une sacrée foire. Qui, dès le printemps, suscitait moult convoitises. Sur les 729 galeries à avoir postulé (chiffre record), seules 156 ont été acceptées. Comment s’est opéré le tri? « Nous nous inscrivons avant tout dans une forme de continuité, avec une certaine humilité, insiste Clément Delépine. Paris+, c’est avant tout la scène française : chacune des foires de MCH développe un ancrage local fort. » Près de 40% des exposants, soit 61 galeries, possèdent ainsi un espace en France : ces chiffres comprennent les très internationales échoppes de Gagosian, David Zwirner ou encore Galleria Continua. Mais pour 48 d’entre elles, la France est leur base première. « Des chiffres supérieurs à ceux de 2019 », assure-t-il. On retrouvera donc tous les géants de l’art moderne, Zlotowski, Van de Weghe, Vedovi, le Minotaure ; les piliers parisiens, de Chantal Crousel à Emmanuel Perrotin en passant par Kamel Mennour. Le tout cerné par nombre de colosses installés de par le monde, comme Hauser & Wirth ou Pace.

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Sous la houlette de Jennifer Flay, la Fiac avait déjà fait un grand bond en avant, attirant toujours plus de marchands prestigieux. Mais le label Art Basel a convaincu certaines d’entre eux, qui boudaient l’Hexagone, de faire ou refaire le voyage : ainsi des New-Yorkais Matthew Marks, Greene Naftali, Peter Freeman (qui a gardé un bureau à Paris), mais aussi des Brésiliens Fortes D’Aloia & Gabriel, ou encore des Japonais Taka Ishii et Take Ninagawa, absents depuis une décennie.

« La concurrence a été très intense parmi les grandes galeries internationales », assure Clément Delépine. Vont-elles attirer dans leur sillage leurs méga-collectionneurs ? Les 35 responsables VIP de MCH s’y attellent : « On attend beaucoup d’Américains et d’Asiatiques, notamment de Corée et du Japon ; les Chinois sont davantage dans l’incertitude. » Paris+ compte aussi sur l’engouement des collectionneurs français. « Si David Zwirner monte à Paris des expositions “difficiles” comme celles de Francis Alÿs, c’est qu’il y a en France des collectionneurs formidables, lettrés, méticuleux, qui font leurs recherches. Le minimaliste Fred Sandback n’a aucun succès aux États-Unis, mais beaucoup à Paris. Et puis c’est facile pour les Belges, les Italiens les Allemands, de venir en week-end. »

Sylvie Fleury, Pleasures (Pink Flamingo)

Sylvie Fleury, Pleasures (Pink Flamingo), 2022

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néon rose orangé • 40 × 120 cm • Karma International, Zurich. • © Studio Sylvie Fleury / Courtesy Karma International, Zurich

Comment tout cela va-t-il s’organiser, dans l’espace contraint du Grand Palais bis ? Autour de l’allée centrale, les mastodontes, suivis de l’art moderne, puis de la vingtaine de jeunes galeries du secteur « émergent ». « Nous avons fait un choix fort de remettre les jeunes galeries au centre du parcours, décrit Clément Delépine. Dans l’annexe qui va vers la tour Eiffel, nous avons eu à cœur de ne pas créer un espace bis, mais de faire un parcours homogène, avec des galeries de renom, l’art brut, et des faiseurs de tendances comme Sultana, Jérôme Poggi ou Miguel Abreu. » Faute de place, la répartition des stands sera plus homogène, oscillant de 25 à 65 m2. Ce qui rendra plus difficile les coups d’éclat et autres efforts de mise en scène. Mais l’édition 2023 pourrait bien s’étendre hors de ces murs éphémères : « Pourquoi pas dans un passage parisien ou dans le Village suisse ? J’ai envie de proposer d’autres contextes que le Paris haussmannien. »

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Il faudra aussi compter sur les foires alternatives, qui reprennent du poil de la bête après avoir été affaiblies par la pandémie. « Quand Art Basel a remporté l’appel d’offres, la deuxième équipe que Marc Spiegler a rencontrée, c’est celle de Paris Internationale, assure Clément Delépine. Notre intérêt est de préserver cet écosystème et cette collégialité : collectivement, on a un coup à jouer pour que Paris s’impose comme une destination d’art, et non plus seulement de tourisme. »

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Paris+ par Art Basel

Du 19 octobre 2022 au 23 octobre 2022

parisplus.artbasel.com



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