À Nice, le festival OVNi en 5 vidéos et quelques photos


1. Au 109, une mise en scène immersive signée Halida Boughriet

Permettre aux Niçois et à leurs visiteurs de redécouvrir la ville est l’une des opportunités offertes par le festival OVNi, qui s’étend dans une vingtaine de lieux : musées, lieux culturels, commerces, monuments du patrimoine… Pour notre première étape, arrêtons-nous au 109, pôle de cultures contemporaines implanté au nord du quartier Saint-Roch, où nous attend un projet immersif signé Halida Boughriet (née en 1980). L’artiste s’est imprégnée d’une résidence au bord du fleuve du Paillon, et s’est intéressée au quartier jeune et populaire de l’Ariane. Là, elle a réalisé six vidéos autour des témoignages de six femmes, qu’elle présente sur autant d’écrans installés en hexagone autour du visiteur. Vie quotidienne et instants de poésie brute se rencontrent dans cette œuvre à la grâce envoûtante.

2. À la librairie Vigna, une pépite ombrageuse de Guillaume Dustan

La communauté LGBTQIA+ connaît bien ce lieu emblématique de Nice, fondé en 2011 par Françoise Vigna et Marie-Hélène Dampérat dans une ancienne galerie d’art. Sur les tables de la librairie, les ouvrages abordent des thématiques féministes et queer, et sont pour la majorité d’entre eux anciens ou d’occasion. Entre ces murs, des projections et des expositions viennent animer la petite rue Delille, à deux pas du MAMAC. Bref, l’endroit idéal pour y retrouver la sulfureuse figure de Guillaume Dustan (1965–2005) à travers une vidéo réalisée un an avant sa mort, Montre moi † lèvres. L’écrivain diplômé de Sciences Po et de l’ENA revient tout juste de Douai où il avait été nommé comme conseiller à la Cour administrative d’appel. Il produit ici un film crépusculaire, qui dit toute l’ambivalence de sa personnalité : images troublées, bribes de conversations, cadrages anarchiques, le spectateur ne sait s’il est réellement invité à pénétrer cet instant de vie… Ou s’il reste à sa porte.

3. Chez De l’air, des danses improvisées par Grégoire Kornagow

Créé à Paris mais implanté à Nice depuis cinq ans, le magazine De l’air prend le pouls de la photographie contemporaine dans des pages d’une beauté soignée. Le temps du festival, il ouvre ses bureaux au photographe Grégoire Kornagow (né en 1967), notamment célèbre pour sa série de portraits père/fils exposée à la MEP en 2015. L’homme y présente la vidéo Les Voyageurs, un projet d’une très grande humanité qui l’a mené dans un centre médico-social de la banlieue de Genève, où il a proposé à deux danseurs contemporains d’interagir, de façon totalement improvisée, avec les résidents, autrement dit de tout jeunes enfants, des personnes âgées et dépendantes, et des adultes handicapés. En provoquant ainsi d’étonnantes rencontres entre des corps et des gestes, il touche au cœur.

4. À l’hôtel Windsor, un pirate et un perroquet discutent avec Mike Bourscheid

Durant les trois derniers jours du festival, du 3 au 5 décembre, cinq hôtels entrent dans la danse d’OVNi et ouvrent leurs chambres au public qui peut y découvrir des vidéos. À l’hôtel Windsor, le Forum des instituts culturels étrangers à Paris (FICEP) présente différents travaux venus de Pologne, de Roumanie, du Sénégal… Le plus insolite ? Sans doute celui mis en valeur par la Mission culturelle du Luxembourg, réalisé par Mike Bourscheid (né en 1984) en 2017 et intitulé The wellbeing of things, a 5 km race. Soit une dizaine de minutes de discussion muette mais sous-titrée entre un pirate voulant devenir cow-boy et son perroquet, dans le décor maussade d’une maison démodée. L’artiste, coutumier des métamorphoses les plus étranges, se met en scène marchant sur un tapis roulant, avec pour fond sonore le balancement monotone de ses accessoires métalliques…

1 Rue Dalpozzo • 06300 Nice
www.hotelwindsornice.com

5. À l’hôtel Villa Rivoli, Émilie Brout et Maxime Marion s’aiment toujours aussi fort

Dans le centre historique de Nice, le très charmant hôtel Villa Rivoli dédie tout un étage à l’exposition immersive Alter Ego, qui investit quatre chambres en face à face. Toutes les vidéos ici montrées s’intéressent à l’intime, aux relations entre les êtres, à l’identité. On y retrouve A truly shared love du duo (et couple) Émilie Brout et Maxime Marion (née en 1984 et né en 1982), soit un film d’une trentaine de minutes qui met en scène leur amour dans un décor très neutre, celui de leur atelier, arrangé de façon à pouvoir ménager des espaces libres pour d’éventuelles publicités. La relation ici présentée veut intégrer les codes visuels de l’entreprise et effacer toute singularité des deux artistes, pour les transformer en figures stéréotypées, lisses… et quasi commercialisables.

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Hôtel Villa Rivoli

10 Rue de Rivoli • 06300 Nice
www.villa-rivoli.com

6. En bonus ! Orlan fait hurler de colère les femmes qui pleurent

Notre parcours se finit en beauté à la galerie Eva Vautier, où ORLAN (née en 1947) expose une vidéo, commandée par SOS Racisme et inspirée du film Clair de femme de Costa-Gavras (1979), ainsi qu’une série de photographies intitulée Les femmes qui pleurent sont en colère. Soit une reprise, en forme de vengeance, des tableaux de Pablo Picasso montrant sa compagne et modèle Dora Maar en pleurs. ORLAN en fait craquer la peinture pour montrer une femme bien réelle : elle. Elle redonne vie et fureur aux portraits affligeants de Dora Maar, victime des colères du peintre et immortalisée à jamais dans son désespoir. Impossible, ensuite, de regarder Picasso de la même façon. (Petit conseil en passant : le podcast « Vénus s’épilait-elle la chatte » a consacré au peintre un épisode absolument marquant, qui explique en détail l’autorité toxique qu’il exerçait sur ses proches. À écouter en complément !)

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ORLAN Les Femmes Qui Pleurent Sont En Colère N°1

ORLAN Les Femmes Qui Pleurent Sont En Colère N°1

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Galerie Eva Vautier

Du 19 novembre 2021 au 5 décembre 2021

www.ovni-festival.fr



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