À Nancy, une escapade sous le signe de l’Art nouveau


Jour 1 – 11h30 : Déjeuner 1900 à l’Excelsior

À deux pas de la gare, commencez votre séjour par une délicieuse mise-en-bouche : L’Excelsior ! Œuvre des architectes Lucien Weissenburger et Alexandre Mienville, cette brasserie inaugurée en 1911 offre une immersion totale dans l’atmosphère des grands cafés de la Belle Époque. Au cœur d’un chaleureux brouhaha, les serveurs en habit noir et tablier blanc s’affairent dans un décor splendide dessiné par les plus grands noms de l’Art nouveau nancéien : 300 becs lumineux, lustres et appliques signés Antonin Daum et dix grands vitraux à motifs végétaux créés par Jacques Grüber éclairent un plafond tout en lignes courbes orné de fougères sculptées, un sol pavé de mosaïques dessinant des palmes stylisées, et un mobilier en acajou massif conçu par l’ébéniste Louis Majorelle. Rien de tel qu’un déjeuner – au menu, plateaux de fruits de mer et traditionnels plats de bistrot – pour en profiter !

La brasserie l’Excelsior

La brasserie l’Excelsior

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© Franck Guiziou / Hemis

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Brasserie L’Excelsior

12h30 : Portail ouvragé

Sur le chemin menant à la place Stanislas, ne manquez pas, rue Henri Poincaré, le beau portail d’entrée (1909) de la Chambre de Commerce et d’Industrie et sa marquise ornés de ferronneries bleues finement ourlées par Louis Majorelle (encore lui). À l’intérieur du bâtiment, un ensemble de vitraux du maître-verrier Jacques Grüber (encore lui) illustre les fleurons de l’agriculture et de l’industrie lorraines. Pour en admirer les couleurs, inscrivez-vous à une visite guidée auprès de l’office de tourisme, et empruntez l’entrée située au 53 rue Stanislas… en face de laquelle se trouve une autre façade remarquable, celle de l’immeuble Margo par Eugène Vallin et Paul Charpentier.

Louis Marchal et Émilie Toussaint,, Façade de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Meurthe-et-Moselle et ses vitraux

Louis Marchal et Émilie Toussaint,, Façade de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Meurthe-et-Moselle et ses vitraux, 1909

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Chambre de Commerce et d’Industrie de Nancy

12h45 : Arrivée royale sur la place Stanislas

Bien qu’elle n’ait rien à voir avec l’Art nouveau, la place Stanislas mérite à elle seule le voyage. Après être passé par l’une de ses six grilles en fer forgé dorées à la feuille d’or et ornées de lanternes suspendues, laissez-vous éblouir par la pureté et le raffinement néoclassiques de ce joyau du XVIIIe siècle inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco : une vaste étendue de pavés clairs délimitée par sept pavillons, un superbe arc de triomphe et deux fontaines de rocailles, offerte par le roi de Pologne Stanislas à son gendre Louis XV en 1755.

La place Stanislas au crépuscule

La place Stanislas au crépuscule

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© Photo Régine Datin et Jean Harbonville / Ville de Nancy

13h : Visite magique de la collection Daum

Pour découvrir l’incroyable collection de pièces du maître-verrier lorrain Antonin Daum (1864–1930) – star, avec son concurrent Émile Gallé, de la verrerie Art nouveau, et l’un des grands noms de l’Exposition universelle de 1900 – rendez-vous au sous-sol du musée des Beaux-Arts. Orange, jaune, bleu, vert, rose… Les couleurs éclatantes de plus de 300 vases et objets en verre ornés de fleurs, de végétaux et de fruits explosent dans l’obscurité comme des pierres précieuses. Feuilles d’automne, grappes de raisin, lys, capucines, pensées, insectes et oiseaux forment à leur surface une farandole poétique aux subtils effets de matière et de transparence. Réalisées en collaboration avec d’autres artistes du mouvement, ces étonnantes créations en pâte de verre soufflée, décorées de différentes couches de couleur, de poudres de verre et d’éléments gravés ou en relief, honorent, tout en la chamboulant, la tradition verrière de la région, fief des cristalleries Saint-Louis et Baccarat.

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On en profite pour visiter le reste des collections de ce superbe musée, particulièrement riches et variées. Instants de bonheur garantis devant la Petite barque (1895) d’Émile Friant, l’Automne d’Édouard Manet (1882) ou encore une installation de l’artiste contemporaine japonaise Yayoi Kusama (Pièce avec une infinité de miroirs et de lucioles sur l’eau, 2000) qui vous laissera la tête dans les étoiles !

Vitrine de verreries Daum et Édouard Manet, « L’Automne », 1882

Vitrine de verreries Daum et Édouard Manet, « L’Automne », 1882

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Coll. musée des Beaux-Arts de Nancy • © S. Levaillant

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Musée des beaux-arts de Nancy

15h : Verrière monumentale et façades remarquables

À présent, un jeu de piste s’impose dans les rues voisines. À l’intérieur d’une agence bancaire (7 bis rue Saint-Georges), levez les yeux vers l’un des chefs-d’œuvre de Jacques Grüber réalisé en 1901 : une verrière monumentale de 250 m² dans de délicats tons mauves, verts et jaune pâle, décorée de clématites violettes ! Autre bijou, à l’angle de rue Saint-Jean et de la rue Bénit, un petit immeuble 1900 construit par l’architecte Henri Gutton pour le grainetier Jules Génin : dotée d’une structure métallique apparente, sa façade bleue et blanche ornée de fleurs de pavot en fer forgé attire tous les regards. Jetez aussi un œil à l’ancienne banque Renauld et sa tourelle (rue Saint-Jean) et aux portes du 12 rue de la Visitation. Traquez les détails rue Saint-Julien et rue des Dominicains – en particulier les boiseries du n°4, par Eugène Vallin, et la Pharmacie du Ginkgo (n°38), recelant des mosaïques et des boiseries de Louis Majorelle sur le thème d’une plante chinoise : la fleur de ginkgo.

Jacques Grüber et Charles Gauville, Le Crédit lyonnais de Nancy conserve la plus vaste verrière de vitraux de style École de Nancy

Jacques Grüber et Charles Gauville, Le Crédit lyonnais de Nancy conserve la plus vaste verrière de vitraux de style École de Nancy, 1901

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16h : Balade dans le Nancy médiéval

L’Art nouveau vous fait vibrer, mais pas question de bouder les autres points forts de la ville ! Après une pause bien méritée au Grand Café Foy avec vue royale sur la place (ou bien, à deux pas, une glace ou une gaufre sur un banc du parc de la Pépinière pour admirer ses nombreux paons), passez sous l’Arc Héré et démarrez une petite balade dans le Nancy médiéval en passant par la place de la Carrière, la place Saint-Epvre, le palais des ducs de Lorraine et la Grande Rue, jusqu’à la porte de la Craffe et ses deux tours rondes à toits pointus, vestiges des fortifications du XIVe siècle.

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La porte de la Craffe, imposant vestige des fortifications médiévales, érigée au XIVᵉ siècle et le Palais des ducs de Lorraine

La porte de la Craffe, imposant vestige des fortifications médiévales, érigée au XIVᵉ siècle et le Palais des ducs de Lorraine

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© Photo Régine Datin, Jean Harbonville / © Ville de Nancy

20h : Dîner gourmand

Pour le dîner, laissez-vous tenter par la Table du Bon Roi Stanislas (7 rue Gustave Simon) qui fera voyager vos papilles avec sa cuisine nancéienne du XVIIIe siècle influencée par Stanislas Ier, roi de Pologne et duc de Lorraine. Au menu, bouchées à la reine (dues à sa fille, l’épouse polonaise de Louis XV) et baba au vin de Tokaji et sa neige de safran ! Autre alternative : La Gentilhommière, rue des Maréchaux (surnommée la « rue gourmande »), pour une cuisine gastronomique au coin du feu.

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La Table du Bon Roi Stanislas

Jour 2. 10h : Façades secrètes

Depuis la place Stanislas, il vous faudra 25 minutes à pied pour vous rendre au musée de l’École de Nancy, au cœur d’un paisible quartier résidentiel situé dans l’ancienne campagne environnante. Sur le chemin, profitez-en pour admirer l’immeuble de la pharmacie Jacques, à l’angle de la rue Jeanne d’Arc et de la rue de la Commanderie (1903), l’immeuble Biet au 22 rue de la Commanderie (Eugène Vallin et Georges Biet, 1901) et la villa Clématites, ornée de fresques colorées réalisées par César Pain (1907), rue Félix Faure.

César Pain, La Villa Clématites

César Pain, La Villa Clématites, 1901

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© Photo Bertrand Riger / Hemis

11h : Le plein d’Art nouveau au musée de l’École de Nancy

Véritable caverne d’Ali Baba pour amateurs de Modern style, ce musée foisonnant est installé dans l’ancienne demeure du collectionneur et mécène Eugène Corbin (1867–1952), qui a légué à la ville sa collection de plus de 759 œuvres, meubles et objets créés par des membres de l’École de Nancy. Fondé en 1901 par un groupe d’architectes, d’artisans, d’artistes et d’industriels, ce fer de lance de l’Art nouveau français développe un style novateur aux lignes souples, destiné à impliquer les métiers d’art dans chaque détail du quotidien. Nancy étant une ville d’horticulture, la nature et le monde végétal deviennent ses principales inspirations. Au fil de la visite, on se délecte des ouvrages en verre soufflé d’Émile Gallé, de luminaires en forme d’oignons ou de magnolias, d’un lit orné de papillons de nuit et d’une salle à manger en acajou signée Eugène Vallin et Victor Prouvé, dont les meubles évoquent des tiges vivantes. Sans oublier, dans le jardin, un étonnant aquarium circulaire décoré par des vitraux de Grüber mêlant poissons, grenouilles et nénuphars !

Eugène Vallin, Victor Prouvé, Jacques Grüber, Le Salon Pomme de Pin avec le bureau aux Ombelles au musée de l’école de Nancy

Eugène Vallin, Victor Prouvé, Jacques Grüber, Le Salon Pomme de Pin avec le bureau aux Ombelles au musée de l’école de Nancy, 1902

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Photo Claude Philippot / Musée de l’école de Nancy

14h : La villa Majorelle, véritable capsule Art nouveau

Après un déjeuner dans le quartier (ou une balade dans le cimetière de Préville à la recherche des vitraux Art nouveau cachés dans les chapelles funéraires), cap sur le joyau voisin : la villa Majorelle, première demeure nancéienne entièrement construite dans le style Art nouveau, qui éblouit par sa façade aux lignes folles ! Récemment restaurée de fond en comble, cette maison de 1901 commandée aux architectes Henri Sauvage et Louis Weissenburger par l’ébéniste Louis Majorelle s’impose comme une œuvre d’art total. Entre autres, on y admire sa superbe grille d’entrée florale en tôle étamée, les lignes fluides de son escalier en bois sculpté et une exquise lampe libellule, réalisés par Majorelle lui-même, ainsi qu’un vitrail de Jacques Grüber et une cheminée en grès flammé. Une immersion dans le quotidien radical d’un mordu d’Art nouveau !

Façade et intérieur de la Villa Majorelle

Façade et intérieur de la Villa Majorelle, 2019

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© Philippe Caron. © Siméon Levaillant

15h : Escapade au parc de Saurupt

S’il vous reste un peu de temps avant votre départ, sautez dans le bus T3 (arrêt Sacré-Cœur, direction Seichamps) et descendez à l’arrêt Varsovie puis marchez quelques minutes : vous voici dans le parc de Saurupt, un quartier résidentiel qui regorge d’architectures Art nouveau (et de témoignages de son glissement vers l’Art déco). N’y manquez pas la loge du concierge (1902), la villa Les Glycines (1902–1904), la villa Marguerite (1903–1904) et la villa Lang (1905–1906). Après un tel périple, vous voilà parfaitement incollable en matière d’Art nouveau… et pressé de revenir !

La Villa Lang située dans le parc de Saurupt

La Villa Lang située dans le parc de Saurupt

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En train : TGV depuis Gare de l’Est, environ 1h30.

En voiture : depuis Paris, environ 385 km et 3h45 de route via A4 et A31.

Maison d’Hôte de Myon, 7 rue de Mably. Installé dans une ancienne maison de chanoines du XVIIIe siècle, ce havre de paix doté d’une charmante cour intérieure a été décoré avec un extrême raffinement par sa propriétaire Martine Quénot. Le refuge idéal !

L’Excelsior, 50 rue Henri Poincaré. Pour son exceptionnel décor Art nouveau et son ambiance de brasserie Belle Époque toujours intacte.

À la Table du Bon Roi Stanislas, 7 rue Gustave Simon. Cuisine nancéienne du XVIIIe siècle, mêlant inspiration lorraine et polonaise (entre 20 et 50 euros le menu).

La Gentilhommière, 29 rue des Maréchaux (fermé le samedi midi et le dimanche). Cuisine gastronomique traditionnelle au coin du feu (entre 26 et 40 euros le menu).

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Pauses café et gourmandises

La Maison des Sœurs Macarons, 21 rue Gambetta. L’adresse incontournable pour goûter aux sucreries locales : version ancestrale de nos macarons, pâtisseries à la bergamote, perles de Lorraine (pâtes de fruits avec un cœur à l’alcool de mirabelle)… Un régal.

Confiserie-pâtisserie Nathalie Lalonde, 242 avenue du Général Leclerc, maison familiale fondée en 1901. On y déguste de délicieuses « charlestines » (connues également sous le nom de « Duchesses de Lorraine ») douceurs faites d’un cœur de praliné aux amandes et à la noisette, trempé dans une glace royale vert pâle. À tomber !

Grand Café Foy, 1 place Stanislas. Une adresse mythique fondée en 1850, pour une pause-café royale avec une vue exceptionnelle sur l’une des plus belles places d’Europe.



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