À Lille, les fans d’Éric Zemmour louent son franc-parler mais peinent encore à le voir à l’Élysée


Après Toulon et Nice, l’essayiste a donné une conférence et dédicacé son dernier livre devant 1500 personnes alors que les sondages l’annoncent en troisième homme de la présidentielle.

Malgré le crachin du Nord, tous sont là pour la même chose : voir de leurs propres yeux le «phénomène Zemmour». Quelque 1500 personnes patientent en rang devant les portes encore closes du Palais des congrès de Lille, dans le Nord. L’essayiste doit y tenir quelques minutes plus tard une conférence et y dédicacer son dernier ouvrage, La France n’a pas dit son dernier mot (Rubempré). Entre deux interviews, son jeune soutien Antoine Diers, s’amuse à l’ombre de l’imposante bâtisse : «Éric ne ment pas quand il se réclame du RPR regardez, c’est le métro à six heures du soir», lâche-t-il empruntant le mot de Malraux pour souligner l’interminable file d’attente. Le même qui s’est invité, la veille avec Éric Zemmour, à une réunion de Jeunes Républicains du Nord provoquant l’ire du parti de droite continue : «Sociologiquement, ça arrive de partout. Il y a des membres des Républicains, du Rassemblement national, des gens qui ne votaient plus…»

Des dires même de l’entourage du non-candidat, ce qui était une simple curiosité s’est transformée ces dernières semaines – attention médiatique et sondages aidant – en véritable appétit. «Nous, on est des fervents, on a lu tous ses livres», lâche François Hilbert, 72 ans, venu avec sa femme Valérie spécialement depuis Louvois, petit village de Champagne près de Reims. Les époux ont un temps voté LR. Ils ont soutenu de guerre lasse François Fillon jusqu’au premier tour de la dernière présidentielle. «Mais ces gens ont trahi. Dans les années 80, Jacques Chirac avait des mots plus durs que Le Pen. Ce qui ne l’a pas empêché de participer au regroupement familial et de s’allier aux centristes», gronde l’ancien chef d’entreprise aujourd’hui à la retraite.

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S’ils s’étaient tous deux résolus à voter Marine Le Pen, «par dépit», insiste Valérie, une candidature Éric Zemmour pourrait, à les entendre, réveiller leur enthousiasme. «Lui au moins, il parle comme moi, soutient François. Il se fout du politiquement correct. Alors que même Marine Le Pen est rentrée dans le rang et joue la surenchère sociale». Un franc parlé que revendiquera quelques minutes plus tard sur l’estrade, devant la presse, leur champion : «Comptez sur moi pour continuer de dire les mêmes choses. Je me fous de la diabolisation. Puisque c’est vous, les journalistes, qui la fabriquez. Si je suis le diable, alors il y a 70 % de Français diaboliques. Je me fous de votre bien-pensance».

«Zemmour shoote la bien-pensance»

Ce ton a longtemps repoussé Clémence. Originaire d’Arras, l’étudiante en éco-gestion à Paris est surtout venue cet après-midi pour accompagner sa grand-mère, Évelyne. «Il y a encore deux ou trois ans, j’étais très réfractaire à ses idées. J’avais honte de l’image qu’il pouvait véhiculer», confie la jeune femme de 21 ans. Deux choses l’ont pourtant fait évoluer : «J’habite place de la République à Paris, et passe souvent par le boulevard Magenta. J’ai vu le paysage urbain changer. C’est compliqué de se déplacer sans se faire emmerder tout le temps. Et toujours par le même type de personne».

Une réalité que beaucoup ne veulent pas entendre assure-t-elle : «Au moins, Zemmour shoote la bien-pensance, notamment de certains milieux de gauche que j’ai côtoyés et qui refusent de voir la réalité». De là à pouvoir glisser un bulletin Zemmour en avril prochain ? «Non, je ne pense pas. Ce qu’il dit sur les femmes me gêne. Et je ne trouve pas qu’il a la carrure». «Pour l’instant», sourit la grand-mère qui ne désespère visiblement pas de lui faire changer d’avis : «Le constat actuel, c’est la lâcheté des politiques. Lui, il ose. Les LR n’ont jamais eu le courage de voir la réalité du grand remplacement».

Quelques mètres plus loin, Sophie et Mathieu, 32 ans tous les deux, assurent que c’est plutôt son «érudition» et son «amour de la France» qui font la différence chez Eric Zemmour. «Sa démarche est sincère, il n’est pas dans les pia pia comme les autres», pousse le développeur. «Les autres, ils se battent pour des places. Pas lui», renchérit sa femme au chômage. Au point de convaincre ce couple d’abstentionniste de peut-être se réconcilier avec les urnes.

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Et pourtant. À l’image de François, Valérie, Clémence ou Évelyne, ni Sophie, ni Mathieu ne croient in fine à une victoire de l’essayiste en avril prochain : «Macron, ça va être quand même compliqué de le battre», lâchent-ils. «Qu’il soit au second tour, pourquoi pas. Mais gagner ? Je n’y crois pas. Après, tout peut arriver, élude François Hilbert. Je vois beaucoup de jeunes et ça, ça me plaît». Parmi eux, Mériadec Lamoine, 17 ans, qui étudie l’ébénisterie à Lille. Venu avec quatre de ses amis de collège, il a réalisé son premier engagement politique en rejoignant le parti jeune derrière la candidature de l’essayiste : Génération Zemmour. «Moi j’ai confiance, je veux y croire», lâche-t-il. Même si la plupart de ses amis comme lui devront encore attendre un peu pour profiter du droit de vote.



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