À l’Espace Commines, immersion au cœur de la naissance d’une étoile avec Félicie d’Estienne-d’Orves et Jeremy Maxwell Wintrebert


Jeremy Maxwell Wintrebert, détail de l’oeuvre « Matter Sunrise Terminal G12 »

Jeremy Maxwell Wintrebert, détail de l’oeuvre « Matter Sunrise Terminal G12 », 2022

i

cives en verre soufflé, miroitées sur support de bois • Crédit Photo © Jeremy Josselin

Cinquante soleils sont venus se nicher à l’Espace Commines pour former une étoile immense, d’une lumière ardente. Le cosmos, cela fait vingt-quatre ans que c’est une obsession pour Jeremy Maxwell Wintrebert (né en 1980) qui « s’est intéressé à l’univers en soufflant du verre ». Depuis, le maître verrier ne cesse de jouer entre la fusion et la gravité pour raconter, avec son langage propre, l’histoire de cette « matière » immense qui nous dépasse. Dans cet ancien entrepôt industriel immaculé, la sculpture constituée de cives en verre soufflé raconte la naissance d’une étoile.

Le parfumeur Nicolas Bonneville et la musicienne Owlle

Déployée sur sept mètres, la constellation s’apparente à un coucher de soleil. Face à cette lumière intense, un cube en acier brossé de dix centimètres de côté et percée d’un trou minuscule, créé par l’artiste plasticienne Félicie d’Estienne d’Orves (née en 1979) se fond presque dans le décor. Toutes les huit minutes, un flash lumineux s’en échappe. Précisément le temps que met la lumière pour arriver jusqu’à la Terre. L’œuvre, intitulée Soleil (∼ 8min), est aussi une étoile, étonnamment cubique. De la confrontation entre ces deux objets stellaires naît le paradoxe. La définition parfaite de notre univers, chaotique et incompréhensible. Où un soleil en cache un autre, infiniment plus grand.

Une odeur de brûlé aux notes goudronnées flotte dans la pièce, amplifiée par un son vibrant qui semble venu du fond de l’espace. Pour rendre l’immersion parfaite dans cette dimension cosmique, tous nos sens sont sollicités grâce à la participation précieuse du parfumeur Nicolas Bonneville et de la musicienne Owlle. « J’ai trouvé le son du soleil par accident », nous raconte la compositrice. L’étrange boucle sonore s’ouvre, se referme puis explose. Elle accompagne l’intensité du parfum « aux tonalités de noir absolu, comme un Soulages », formule celui qui avait déjà été sollicité pour recréer l’odeur de la planète Mars au Design Museum de Londres en 2019. « Je ne peux pas toucher ce que je crée, c’est ma plus grande frustration. »  À ces mots, il se rend compte que son acolyte souffleur de verre non plus. L’idée est distillée : le quatuor est lié par l’impossibilité physique d’interagir avec leur matière première. Son, lumière, odeur. À leur manière, chacun d’entre eux illustre l’impermanent, le volatile. Et c’est brillant.

Lire aussi article :  Glenn Close ne comprend pas pourquoi Gwyneth Paltrow a eu l'Oscar pour Shakespeare in Love - Actus Ciné

Du 31 mars 2023 au 2 avril 2023

www.commines.com



Source link