À la Défense, Jean-Luc Mélenchon peine à donner du souffle à sa campagne


Le leader de La France insoumise réussit néanmoins une démonstration de force à gauche en mobilisant ses supporteurs.

Remobiliser la base populaire. Dimanche, à la Défense, sous la grande arche, Jean-Luc Mélenchon a tenu un meeting carré, soigné, d’une heure, avec 4500 personnes selon les organisateurs. Une grande salle remplie et des annexes ou l’assemblée, jeune, apparaissait très motivée. Rien de particulièrement percutant cependant dans le discours généraliste, et un ton certes enthousiaste, mais très conscient du chemin à parcourir pour rejoindre le camp des deux susceptibles d’apparaître au second tour…

Surtout, si Éric Zemmour a été cité dans son discours, comme Marine Le Pen, Valérie Pécresse ou Emmanuel Macron, nul à la Défense ne voulait rivaliser en chiffres ou en mots avec le meeting de Villepinte. «La bataille des chiffres, indique-t-on chez les Insoumis, ce sera le 20 mars pour notre grande marche dans Paris…»

L’objectif du jour n’était pas non plus de faire du nouveau dans le message. Plutôt de présenter le Parlement de l’union populaire, structure de 200 personnes censée faire turbuler la campagne sur le fond, composée pour moitié d’Insoumis et pour moitié de militants venus d’ailleurs. Pas de très loin, cependant: communistes, écologistes, syndicalistes, artistes ou associatifs, tous appelés à représenter l’union par la base plutôt que par les appareils. Ces partis dont le candidat des Insoumis n’a dit que quelques mots, pour moquer leurs feintes lamentations sur l’absence d’union.

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Salle surchauffée

Avec ce meeting qu’aucun de ses adversaires à gauche ne peut égaler -même s’il est plutôt proche dans les sondages de l’écologiste Yannick Jadot et de la socialiste Anne Hidalgo -, Jean-Luc Mélenchon parvient à une démonstration de force à gauche. Mais il sait que cela ne suffit pas pour aller plus loin. Alors il a musclé dimanche son discours sur le passe sanitaire, une mesure «stupide» qui «vous fait croire que vous n’êtes plus en danger». «Un couscous? Passe sanitaire… Tu descends du train? Passe sanitaire…» Moquant les «ordres et contre-ordres en fonction de ce que les têtes d’œuf ont trouvé dans leur bureau», il a décrit la France: «Immense caserne contrôlée par une poignée de donneurs de leçons.»

Choisissant avec prudence ses mots sur le vaccin, il a indiqué ne pas être là pour «entretenir des querelles sans fin» sur des sujets sur lesquels il ne se considère pas spécialiste. De quoi prendre un peu de distance et ménager tout le monde. «Suis-je spécialiste en virologie?»

Une envie d’en découdre

Jean-Luc Mélenchon s’est aussi donné du temps, et il en a donné à ses troupes pour se mobiliser, avec une invite sous forme d’ultimatum. «En 2022, a-t-il lancé, chacun doit prendre sa part au combat. Il n’y a que les combats que l’on ne mène pas que l’on perd. (…) Quoi qu’il arrive, ne baissez jamais la tête!» En réalité, il leur a d’ailleurs dit, il considère que la véritable campagne commencera après les fêtes, donnant la date du 10 janvier. «Nous serons à trois mois de l’élection: ce sera un sprint. Il faudra tous nous y mettre. Nous avons un trou de souris pour arriver au deuxième tour mais je ne vais pas y arriver seul!»

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Au vu de la salle surchauffée, personne ne pouvait douter d’une envie d’en découdre. En marge, cependant, le député européen Manuel Bompard, son directeur de campagne, a reconnu la difficulté. «Il ne faut pas raconter des histoires aux gens: on peut gagner, mais ce n’est pas fait, et sans la mobilisation de centaines de milliers de personnes dans la rue, cela ne peut pas marcher.» «Quand on n’est pas soutenus par les forces de l’argent, a-t-il ajouté, on n’a que le nombre pour nous…»

Venue de Montpellier, ex-candidate aux municipales et membre du nouveau Parlement, Alenka Doulain tente aussi, comme les autres sur le terrain, de mobiliser. «Il nous reste seize semaines pour aller faire du porte-à-porte, convaincre les abstentionnistes et les résignés, ceux qui ne sont pas inscrits, que Jean-Luc Mélenchon est le seul capable de casser le match entre les libéraux et les conservateurs.»



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