À Cabourg, la Belle Époque retrouvée


« Ceci n’est pas un musée sur Proust, mais un musée autour de Proust », annonce d’emblée Emmanuelle Le Bail, adjointe au maire déléguée à la culture. En revanche, il s’agit du tout premier musée de la ville de Cabourg. Impulsé en 2015, le projet de la Villa du Temps retrouvé se présente comme une évocation de la Belle Époque, qu’incarnent, par certains aspects, l’auteur d’À la recherche du temps perdu, bien sûr, mais surtout le territoire de la Côte Fleurie, où celui-ci passa sept étés consécutifs, de 1907 à 1914. Un budget d’environ quatre millions d’euros aura été nécessaire pour le mettre sur pied.

Le fantôme de Proust, qui aurait eu 150 ans cette année, n’est jamais bien loin. L’institution occupe la villa Bon Abri, construite et occupée dès 1860 par les Parent, famille d’architectes proche de l’écrivain. Agrandie au fil des ans, elle fait désormais 800 m2 (dont 600 pour les expositions) et est classée site patrimonial remarquable, un label qui protège le coeur historique de Cabourg depuis 2018. Briques rouge et ocre, dessins à croisillons losangés, toiture en ardoise… L’entrée se fait à droite de cette façade restaurée par l’agence d’architecture Sunmetron, sous une serre ajoutée en 2020. Le vestibule mène aux anciennes écuries et ex-garage à voitures datant de la fin du XIXe siècle. La dernière extension, ajoutée dans les années 1960, prend la forme d’une cour centrale, recouverte à la fin du XXe siècle. C’est là que l’on sonnait jadis ; là que débute aujourd’hui le parcours semi-permanent, dit « Belle Époque ».

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Le Salon de Musique de la Villa du Temps retrouvé

Le Salon de Musique de la Villa du Temps retrouvé

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Pas de collection pour la Villa du Temps retrouvé, qu’il faut considérer comme un « musée-maison  » où tout est possible. Ou presque. Le public est convié à s’asseoir dans les fauteuils du Mobilier national, à jouer du piano, à écouter de la musique, à feuilleter des ouvrages dans la bibliothèque du premier étage. Le tout en s’imprégnant d’une fragrance inédite conçue par Francis Kurkdjian et la société Création Parfum Conseil, à partir d’essences répandues à la Belle Époque. Une expérience synesthésique vouée à se renouveler au gré des prêts et des dépôts.

Cette plongée dans le 1900 de Proust n’aurait pu se concrétiser sans le soutien d’institutions majeures, parmi lesquelles la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen, la Bibliothèque nationale de France et le Mobilier national. Résultat : près de 350 objets ont été réunis au sein de la villa. Certains y resteront le temps d’une saison (du 1er mars au 11 novembre). D’autres pour une durée de cinq ans, voire, dans de rares cas, un peu plus. Les murs arborent déjà une belle brochette de signatures, de Claude Monet à René-Xavier Prinet, en passant par Eugène Boudin. Le musée d’Orsay attend quant à lui l’inauguration pour récupérer le Portrait de Marcel Proust (1842) de Jacques-Émile Blanche, qui trône actuellement au rez-de-chaussée. Peu développés à dessein, les cartels doivent laisser parler le lieu. Pour plus de documentation, rendez-vous sur le site internet de la Villa.

Un va-et-vient permanent entre passé et présent s’affirme dans le recours, parfaitement dosé, aux nouvelles technologies. Parmi les rares acquisitions du site, on compte des « objets trafiqués », antiquités chinées puis animées d’archives : sur différents objets de la Villa, comme des cadres photo, une cage à oiseaux et même le piano sont ainsi projetées des images qui renvoient aux débuts du cinéma. Derrière les écrans dernier cri de la première salle se cachent des costumes d’époque, qui transparaissent par intermittence entre deux séquences de film. Les surprises se succèdent sans relâche jusqu’aux deux dernières salles réservées aux expositions temporaires. La première rend hommage à Fantômas, personnage criminel inventé par Pierre Souvestre et Marcel Allain en 1910 : « Nous voulions aussi montrer une facette plus sombre de la Belle Époque, qui ne se résume pas à une ère de progrès et d’espoir », poursuit Emmanuelle Le Bail.

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La Villa du Temps retrouvé

La Villa du Temps retrouvé

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Conçu comme un CIAP (Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine), le Pavillon de l’architecture amorce ou conclut la visite. Ce point d’informations, qui servait autrefois d’écurie et de garage, s’accompagne d’une boutique et d’un café, mais offre avant tout des clés de compréhension sur l’histoire architecturale, sociale et économique du territoire. Son accrochage inaugural porte sur le quartier du Vieux Cabourg, l’ancêtre du Cabourg balnéaire. Dans le prolongement de cet espace de vie pédagogique se profile l’un des trois jardins où déborde la terrasse du salon de thé. Humer le parfum des roses, fouler l’allée de graviers, plonger son regard dans les méandres de la vigne vierge et des hortensias grimpants constituent une belle conclusion. Cette halte champêtre peut également servir de transition entre la Villa et la ville de Cabourg. Des visites thématiques autour de l’écrivain et de la Belle Époque sont proposées par l’office de tourisme de la région. Vivement l’ouverture…

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Villa du Temps retrouvé



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