7 tableaux devenus des vedettes du cinéma


Le Chardonneret de Carel Fabritius (1654), star du Chardonneret de John Crowley (2019)

Sur un fond clair, un frêle petit oiseau se tient sur son perchoir, sa patte retenue par une fine chaînette. Exposé au musée Mauritshuis de La Haye, ce petit format délicat est l’œuvre d’un élève méconnu de Rembrandt, Carel Fabritius (1622–1654) – et l’un des rares tableaux de cet artiste à avoir survécu à l’explosion de la poudrière de Delft, qui tua le peintre en soufflant son atelier. Inspirée, l’écrivaine américaine Donna Tartt en a tiré un roman récompensé par le prix Pulitzer de la fiction en 2014. Adaptée au cinéma (avec Nicole Kidman), l’intrigue est inventive : dans le chaos d’une explosion au Metropolitan Museum of Art, au cours de laquelle décède sa mère, un petit garçon sous le choc s’empare du tableau. Un geste instinctif qui va le poursuivre pendant des années, d’un appartement cossu de Manhattan à un lotissement glauque en plein désert du Nevada. Rongé par la culpabilité et le poids du secret – n’est-ce pas lui, ce petit passereau pris au piège ? –, le garçon gardera jalousement l’œuvre, jusqu’à trouver la voie de sa libération…

Extrait du film « Le Chardonneret », de John Crowley (2019) et le tableau qui l’a inspiré « Le Chardonneret » peint par Carel Fabritius (1654)

Extrait du film « Le Chardonneret », de John Crowley (2019) et le tableau qui l’a inspiré « Le Chardonneret » peint par Carel Fabritius (1654)

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G. : ©Amazon Studios/Warner Bros/Kobal/REX/Aurimages. D. : © DR

Film américain de John Crowley • 2019 • 2h29.

Jeune femme avec un œillet de l’école de Rembrandt (1656), star de Rembrandt de Jannik Johansen (2003)

Ce long-métrage s’inspire du vol, perpétré en 1999 au musée Nivaagaard de Nivå, du seul Rembrandt conservé au Danemark : Portrait d’une femme de 39 ans (1632). Un coup cocasse puisque les deux voleurs, qui ne connaissaient rien à l’art, ont simplement découpé la toile avant de bousculer le gardien et de s’enfuir. Ne découvrant qu’ensuite, avec stupeur et effroi, la valeur colossale de leur butin ! Mais, peu enthousiaste à l’idée de rappeler les failles de son système de sécurité, le joli musée privé où s’est déroulé le drame a refusé de prêter le tableau (finalement retrouvé par la police) pour le tournage de cette excellente comédie dans laquelle joue l’acteur Nikolaj Coster-Waldau, désormais star de la série Game of Thrones (dans le rôle de Jaime Lannister ). Le réalisateur Jannik Johansen a donc remplacé la peinture par un autre portrait féminin : Jeune femme avec un œillet (1656), conservé au Statens Museum for Kunst de Copenhague. Irradiant tout le film de sa grâce mystérieuse qui tranche avec ses rustres kidnappeurs, ce portrait longtemps pris pour un Rembrandt serait finalement de l’un de ses élèves, peut-être Willem Drost…

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Extrait du film « Rembrandt » de Jannik Johansen (2003) et l’œuvre qui y figure « Jeune femme avec un œillet » de l’école de Rembrandt (1656)

Extrait du film « Rembrandt » de Jannik Johansen (2003) et l’œuvre qui y figure « Jeune femme avec un œillet » de l’école de Rembrandt (1656)

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Film danois de Jannik Johansen • 2003 • 1h49.

La Promenade ou La Femme à l’ombrelle de Claude Monet (1875), star de L’Affaire Monet de Philip Martin (2015)

Incarné par l’acteur américain John Travolta (icône de Grease, Pulp Fiction et La fièvre du samedi soir), un faussaire de génie est relâché de prison afin de passer du temps auprès de son fils gravement malade. Pour rembourser sa dette envers ceux qui l’ont fait libérer, il accepte de participer à un dernier coup avec son père, interprété par Christopher Plummer : le vol (et son remplacement par une réplique parfaite) d’une peinture célébrissime, La Promenade de Claude Monet (1875). Un chef-d’œuvre du pape de l’impressionnisme qui y brosse sur le vif son fils et sa femme Camille debout dans l’herbe ensoleillée, auréolés d’une ombrelle et de nuages blancs apposés d’une main vive. Le film est scandé de scènes touchantes et pleines de sensibilité : celles où Travolta élabore sa copie virtuose du fameux tableau, tout en initiant son fils à l’art…

John Travolta dans « L’Affaire Monet » de Philip Martin (2014) et « La Promenade » de Claude Monet (1875)

John Travolta dans « L’Affaire Monet » de Philip Martin (2014) et « La Promenade » de Claude Monet (1875)

Film américain de Philip Martin • 2014 • 1h31.

La Ronde de nuit de Rembrandt (1642), star de La Ronde de nuit de Peter Greenaway (2007)

La milice des Mousquetaires d’Amsterdam est au complet sur cet immense portrait de groupe en clair-obscur ! Conservé au Rijksmuseum où il vient d’être restauré, ce célèbre tableau est au cœur de l’intrigue du film théâtral de Peter Greenaway consacré à Rembrandt – un angle original pour nous plonger dans l’univers du fameux peintre hollandais. Au sommet de sa gloire, ce dernier a accepté à contre-cœur cette commande grassement payée, poussé par son épouse enceinte. Mais la mission s’avère plus intéressante que prévu : après avoir découvert un complot impliquant les miliciens, l’artiste décide de glisser dans sa toile des indices pour le dénoncer… Une intrigue policière baignée de forts contrastes d’ombre et de lumière, en hommage au style du maître !

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« La Ronde de nuit » de Rembrandt (1642) et sa reconstitution dans le film « La Ronde de nuit » de Peter Greenaway (2007)

« La Ronde de nuit » de Rembrandt (1642) et sa reconstitution dans le film « La Ronde de nuit » de Peter Greenaway (2007)

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© Prod DB / KCS / Aurimages /Aria Films – Bac Films / CC0 Rijks Museum

Film canadien, français, britannique, hollandais, allemand, polonais et américain de Peter Greenaway • 2007 • 2h14.

Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I de Gustav Klimt (1903–1907) dans La Femme au tableau de Simon Curtis (2015)

Émergeant souplement d’une rivière de motifs décoratifs travaillés à la feuille d’or, Adèle Bloch-Bauer, riche mécène juive de la Vienne fin de Siècle, a été sublimée par l’artiste autrichien Gustav Klimt, figure de l’Art nouveau viennois, dans ce portrait qui demeure l’une de ses plus belles œuvres. Spolié par les nazis, puis accroché durant des décennies au palais du Belvédère à Vienne, ce tableau exceptionnel sera finalement restitué après une âpre bataille juridique à la nièce d’Adèle, Maria Altmann. Une épopée à laquelle Simon Curtis a consacré un film : La Femme au tableau, avec Helen Mirren dans le rôle principal et Daniel Brülh (révélation de Good Bye, Lenin !) dans la peau de l’un de ses adjuvants, le journaliste Hubertus Czernin. Un casting brillant pour un sujet en or.

Extrait du film « La Femme au tableau » de Simon Curtis (2015) et le « Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I » de Gustav Klimt (1903–1907) au cœur de son intrigue

Extrait du film « La Femme au tableau » de Simon Curtis (2015) et le « Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I » de Gustav Klimt (1903–1907) au cœur de son intrigue

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G. : AF archive / Mary Evans / Aurimages / © Luisa Ricciarini / Bridgeman Images

La Jeune fille à la perle de Johannes Vermeer (1665), star de La Jeune fille à la perle de Peter Webber (2003)

Mystérieux et sensuel, ce portrait d’une jeune fille anonyme a fait l’objet de nombreuses spéculations. Adapté du roman éponyme de Tracy Chevalier, le film de Peter Webber met en scène son histoire potentielle imaginée par l’écrivain : ce serait une simple servante (incarnée par la toute jeune Scarlett Johansson) que le maître néerlandais Johannes Vermeer (Colin Firth), attisant la jalousie de son épouse, aurait fait poser en turban, une perle suspendue à son oreille, qu’il lui aurait percée lui-même pour l’occasion… Somptueuse immersion dans la demeure d’un artiste du siècle d’or hollandais, le film est une succession de tableaux vivants nourrie de toute l’œuvre de Vermeer, de Jeune femme à l’aiguière (1658) à La Ruelle (1657–1658) en passant par La lettre d’amour (1669–1670)…

Scarlett Johansson dans « La Jeune fille à la perle » de Peter Webber (2003) et le tableau de Johannes Vermeer (1665)

Scarlett Johansson dans « La Jeune fille à la perle » de Peter Webber (2003) et le tableau de Johannes Vermeer (1665)

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à gauche : © Everett / Aurimages ; à droite : © DR

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La Jeune fille à la perle

Film britannico-luxembourgeois de Peter Webber • 2003 • 1h40.

Arrangement en gris et noir n°1 de James Whistler (1871), star de Bean de Mel Smith (1997)

Cette comédie populaire britannique tourne au film d’horreur pour les amateurs d’art. Encre, détergent, tag au stylo bille… Jamais un chef-d’œuvre n’aura été aussi malmené à l’écran ! Reprenant son personnage gaguesque de la série télévisée Mr Bean, l’acteur Rowan Atkinson incarne ici un gardien de musée qui se retrouve mêlé au rapatriement historique à Los Angeles du chef-d’œuvre du peintre américain James Whistler conservé au musée d’Orsay : un portrait de la mère de l’artiste sur fond gris, sobre et moderne par sa composition. Pris par erreur pour un spécialiste respecté du peintre, Bean se retrouve seul avec le tableau qu’il détériore affreusement suite à une série d’accidents. L’ayant remplacé par une reproduction, le maladroit passe l’épreuve du discours inaugural devant le gratin du milieu de l’art, malgré son absence totale de culture artistique. « Même si M. Whistler était parfaitement conscient que sa mère était hideuse, […] il trouva tout de même le temps de peindre cet époustouflant portrait d’elle. C’est le portrait d’une vieille peau, d’un débris, qu’il aimât par-dessus tout. Et ça, c’est merveilleux ! » tente-t-il en guise d’analyse, déclenchant un tonnerre d’applaudissements. Un réjouissant (et improbable) moment de vulgarisation !

« Arrangement en gris et noir n°1 » de James Whistler (1871) figurant dans « Bean » de Mel Smith (1997)

« Arrangement en gris et noir n°1 » de James Whistler (1871) figurant dans « Bean » de Mel Smith (1997)

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G. : © akg-images / Laurent Lecat ; D. : © AF archive / Mary Evans / Aurimages

Film britannique de Mel Smith • 1997 • 1h29.



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