7 références artistiques cachées dans Squid Game


1. La plus évidente : Le Cri d’Edvard Munch

Et ça commence fort ! Yeux exorbités, mains crispées sur le visage, bouche béante… Dès le premier épisode, c’est le visage de terreur pure peint par Munch en 1893 qui apparaît lorsqu’une des participantes se retrouve totalement éclaboussée par le sang d’un joueur. En cause ? Une partie de « 1,2,3 soleil » qui vire au carnage : les perdants se retrouvent littéralement éliminés. Chacun comprend donc qu’un seul survivant pourra remporter le beau butin promis à la fin. Alors, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

Edvard Munch, « Le Cri » (1893) et une scène du premier épisode de la série « Squid Game »

Edvard Munch, « Le Cri » (1893) et une scène du premier épisode de la série « Squid Game »

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huile, tempera et pastel sur carton • 91 × 73,5 cm • Coll. Munch Museum, Oslo • © Photo Ian Dagnall Computing / Alamy Stock Photo via Hemis

2. Les plus labyrinthiques : Piranèse, Escher, Ricardo Bofill

Les escaliers labyrinthiques de « Squid Game »

Les escaliers labyrinthiques de « Squid Game »

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Entre chaque épreuve, les concurrents doivent emprunter des escaliers inextricables. Des couloirs verts, roses et bleus, qui semblent sans début ni fin. Une construction invraisemblable qui puise autant dans Les Prisons imaginaires (vers 1750) du graveur Piranèse (notons que la série nous plonge dans une atmosphère carcérale) avec ses gouffres sans fond, traversés d’escaliers et de passerelles vertigineuses, que dans la Relativité (1953) d’Escher, estampe où il est impossible de déterminer si les personnages montent ou descendent, ou même dans un jeu vidéo : Monument Valley et ses mondes irrationnels. Quant à l’esthétique couleur bonbon, difficile de ne pas penser à La Muralla Roja (1973) de l’architecte catalan Ricardo Bofill. Situés à Calpe en Espagne, ces appartements desservis par des escaliers colorés à l’allure de forteresse post-moderne ont visiblement servi de terrain de jeu au réalisateur Hwang Dong-hyuk !

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À gauche : « Relativité » (1953) de Maurits Cornelis Escher ; à droite : « La Muralla Roja, Calpe, Espagne » (1973) de Ricardo Bofill

À gauche : « Relativité » (1953) de Maurits Cornelis Escher ; à droite : « La Muralla Roja, Calpe, Espagne » (1973) de Ricardo Bofill

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© 2021 The M.C. Escher Company, Pays-Bas et © Alvaro Rodriguez / Alamy / Hemis

3. La plus surréaliste : La Malédiction de Magritte

Si les jeux sont macabres, leurs décors artificiels apportent toujours une touche faussement joyeuse ! Ainsi, nombreuses épreuves ont lieu dans une salle décorée d’un naïf paysage de ciel traversé de nuages rappelant étrangement ceux de Magritte dans La Malédiction (1960) ou dans Les Mémoires d’un saint (1967). Mais ce n’est pas le seul clin d’œil au surréaliste ! Dans le deuxième épisode, lorsque le policier Hwang Jun-ho cherche des indices dans la chambre de son frère disparu, dont le rôle s’avèrera crucial, une monographie du peintre figure sur son bureau… Coïncidence ?

René Magritte, « La Malédiction » (1963) et scène de Squid Game

René Magritte, « La Malédiction » (1963) et scène de Squid Game

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huile sur toile • 16 × 21 cm • Coll. particulière • © ADAGP, Paris, 2021 / Photo Mayor Gallery, Londres / Bridgeman Images

4. Les plus chics : Le Bal surréaliste des Rothschild et Le Bal de Paris de Blanca Li

Les VIP masqués venus assister aux jeux

Les VIP masqués venus assister aux jeux

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Mais qui se cache derrière les loups dorés portés par les invités de marque venus jouir du sinistre spectacle des jeux ? Ces masques en forme de cerf, d’oiseau, d’ours ou encore de panthère nous font étrangement penser à ceux arborés par les avatars numériques du spectacle immersif de la chorégraphe Blanca Li, Le Bal de Paris, une fête débridée dans un décor fantasmatique. Difficile de croire que Hwang Dong-hyuk ait eu en tête cette récente création? C’est que les deux créateurs ont probablement en commun une référence plus historique : l’extravagant Bal surréaliste de la baronne Marie-Hélène de Rothschild. Lors de cette luxueuse fête organisée en décembre 1972 dans le château de Ferrières, les prestigieux invités étaient costumés en créatures fantasques tandis que l’hôte portait une tête de cerf (avec des larmes de véritables diamants) ! Et pour le mystérieux maître de cérémonie de Squid Game au masque noir anguleux ? On pense inévitablement aux sculptures facettées de Xavier Veilhan qui semblent procédées d’une modélisation 3D...

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À gauche : Marie-Hélène de Rothschild coiffée de bois de cerf lors de son « Bal surréaliste » ; à droite : les personnages virtuels du « Bal de Paris » de Blanca Li

À gauche : Marie-Hélène de Rothschild coiffée de bois de cerf lors de son « Bal surréaliste » ; à droite : les personnages virtuels du « Bal de Paris » de Blanca Li, 1972 et 2021

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© succession de feu le baron Alexis de Redé – Mme Charlotte Aillaud

5. La plus camouflée : le mobilier anthropomorphe d’Allen Jones

Scène de l’épisode 7 de la série « Squid Game »

Scène de l’épisode 7 de la série « Squid Game »

Direction l’excentrique salon VIP ! On aurait pu passer à côté tant elles se fondent parfaitement dans ce décor de jungle. Recouvertes de la tête aux pieds des couleurs et motifs d’un léopard, d’une girafe ou encore d’une fleur, des femmes font office de tables basses ou d’éléments de décoration… Sans doute une allusion aux meubles anthropomorphes et aux sculptures érotiques scandaleuses du pop artiste britannique Allen Jones. On pense aussi aux corps entièrement peints de pois colorés par Yayoi Kusama dans les années 60 lors d’évènements publics !

À gauche : « Table » (1969) d’Allen Jones ; à droite : « Self Obliteration » (1966-1974) de Yayoi Kusama

À gauche : « Table » (1969) d’Allen Jones ; à droite : « Self Obliteration » (1966-1974) de Yayoi Kusama

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techniques mixtes et mannequins peints • 61,5 x 76 x 130 cm et 171,5 cm • Coll. Ludwig Forum fur Internationale Kunst, Aachen / Coll. particulière • © ADAGP, Paris 2021 / © Photo Bridgeman Images / © Photo Christie’s Images / Bridgeman Images

6. La plus colorée : le street art d’Okuda

Décidément, l’épisode 7 est une vraie mine de références arty ! Après les masques et le mobilier du salon VIP, voilà que les murs de la chambre de l’invité au masque de panthère s’affiche entièrement habillés de volutes pour le moins suggestives évoquant fortement les codes du pop art. Hot dog, bouche à la Andy Warhol… Plus encore, cette fresque évoque les peintures murales du street artist Okuda, qui aime à recouvrir la totalité d’un lieu de couleurs explosives et de formes psychédéliques !

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« Chapelle internationale du Cannabis » peinte par Okuda à Denver et scène de l’épisode 7 de Squid Game

« Chapelle internationale du Cannabis » peinte par Okuda à Denver et scène de l’épisode 7 de Squid Game

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© Brian Cahn / ZUMA Wire / Alamy via hemis / © Netflix

7. La plus flagrante : The Dinner Party de Judy Chicago

Quoi de mieux qu’un bon dîner pour se requinquer ? Avant l’épreuve finale, les derniers joueurs sont conviés à se retrouver pour un véritable festin, les petits plats dans les grands. Les voici tous trois autour d’une table triangulaire qui n’est pas sans rappeler l’installation The Dinner Party de Judy Chicago, monument de l’art féministe réalisé entre 1974 et 1979. Dressée de 39 couverts, cette gigantesque table commémore 1038 femmes de l’Histoire, tel un dernier souper solennel et christique. Une œuvre qui fait écho à la situation de la joueuse 067, blessée par le précédent jeu et seule candidate restante face à deux adversaire masculins acharnés. La dure loi du plus fort…

« The Dinner party » (1974-1979) de Judy Chicago et la scène de l’épisode 8 de Squid Game

« The Dinner party » (1974-1979) de Judy Chicago et la scène de l’épisode 8 de Squid Game

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céramique, porcelaine, textile • 1463 cm de long • Coll. Brooklyn museum • © Judy Chicago / Photo Donald Woodman

Série réalisée par Hwang Dong-hyuk • 2021 • 9 épisodes

Disponible sur Netflix.



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