6 expos gratuites qui réchauffent le mois d’octobre


1. Laure Albin Guillot de (très) près

Laure Albin Guillot, Étude de nu féminin

Laure Albin Guillot, Étude de nu féminin, 1941

i

Courtesy Laure Albin Guillot et Galerie Roger-Viollet

Un an et demi après son ouverture dans l’agence Roger-Viollet – dont le fonds compte 12 millions d’images ! –, la galerie éponyme poursuit son exploration des grands noms de la photographie du XXe siècle avec une courte rétrospective de Laure Albin Guillot (1879–1962). Mondaine mais pas que, la portraitiste a inventé les microphotographies, soit d’hypnotisants clichés réalisés à l’aide d’un microscope (son mari était scientifique). Elle a aussi immortalisé dans son atelier du XVIe arrondissement certaines des personnalités célèbres de son temps (tel Jean Cocteau, fumant langoureusement, un jour de 1939), et exploré les nus féminins autant que masculins avec une attention toute particulière à la lumière qui enrobe les corps. Travaillant aussi bien à des clichés publicitaires pour des produits de luxe qu’à ses recherches personnelles, Laure Albin Guillot avait été montrée au Jeu de Paume en 2013 ; sa redécouverte, presque dix ans plus tard, fait plaisir à voir. M.C.-L.

Arrow

Laure Albin Guillot – L’élégance du regard

Du 6 octobre 2022 au 14 janvier 2023

2. Minia Biabiany, un imaginaire caribéen à Saint-Nazaire

Minia Biabiany, Note photographique, travail de recherche pour l’exposition « pluie sur mer »

Minia Biabiany, Note photographique, travail de recherche pour l’exposition « pluie sur mer », 2022

i

céramique • © Courtesy Minia Biabiany et Centre d’art contemporain Le Grand Café, Saint Nazaire

À Saint-Nazaire, le Grand Café s’affirme au fil des saisons comme un excellent centre d’art (il a été reconnu d’intérêt national en 2019), qui sait à la fois mettre en valeur des noms confirmés de l’art contemporain – comme Stéphane Thidet, cet été, un vrai succès public – et de jeunes pousses à la croissance rapide, telle cet automne Minia Biabiany (née en 1988) – également présentée à partir du 19 octobre au Palais de Tokyo à Paris. L’artiste, qui vit et travaille à Basse-Terre en Guadeloupe, investit le lieu et ses trois salles en répondant à leur architecture et en y racontant ses propres histoires, aux racines caribéennes. Chemins de terre au sol, colliers de perles suspendus, feuilles de bananiers, vidéos et structures tressées à la manière de pièges à poisson composent un parcours sensoriel intriguant, nourri d’un imaginaire ultramarin résonnant avec la ville portuaire qu’est Saint-Nazaire. D’une subtilité qui peut dérouter, ou enchanter. M.C.-L.

3. Dix céramistes d’aujourd’hui dans une ferme

Vue de l’exposition « Amphoreus » au 91.530 Le Marais

Vue de l’exposition « Amphoreus » au 91.530 Le Marais, 2022

i

Fondé il y a quelques mois par la galeriste Victoire de Pourtalès et son mari, l’entrepreneur Benjamin Eymere, 91.530 Le Marais est un projet hybride, ultra-esthétique et parfaitement dans l’air du temps, dont la mission se mêle d’art et d’agriculture. Le domaine s’étend entre le château du Marais au Val-Saint-Germain, appartenant à la famille de Victoire depuis cinq générations, et une ferme de 350 hectares, où l’on cultive et exploite le chanvre. C’est ici, dans cet écrin à la fois rural et sophistiqué (quel grand écart !) que sont présentés dix céramistes, réunis autour du thème fondamental de l’amphore. On y voit notamment quelques noms bien connus en matière de céramique contemporaine, tels Natsuko Uchino, autrice de formes libres, intimement artisanales et sensuelles, Grant Levy-Lucero et ses décors commerciaux sur amphores archaïques, ou Simone Fattal, doyenne sculpturale à l’immense force plastique. Le tout, dans un cadre sublime de pierres anciennes. D’un charme fou. M.C.-L.

4. Échec(s) et mat

José Ramon Poblador, Pièces de jeu d’échec

José Ramon Poblador, Pièces de jeu d’échec, 1980

i

Bronze • Roi : 8 cm • © Benjamin Chelly

Galeriste parisien installé dans le VIe arrondissement de Paris, Romain Morandi est spécialiste de mobilier et de design. Récemment auteur du livre Chess Design aux éditions Norma – qui répertorie 300 jeux d’échecs conçus et dessinés par des artistes et designers du XXe siècle –, l’homme organise en parallèle une exposition entre les murs de sa galerie. Trente-deux jeux y sont montrés en dialogue avec une sélection de meubles, pour illustrer son propos… Et donner à voir la grande diversité de formes et de styles qu’a inspiré ce jeu vieux du Xe siècle (au moins) – et dont on ignore l’exacte provenance –, dans l’esprit de Takako Saito, Robert Filliou, Max Ernst, Victor Vasarely… On joue ? M.C.-L.

5. Munch dans une galerie parisienne, avec Anna-Eva Bergman

À gauche : « To gutter på stranden » (Two boys on the beach) (1911) d’Edvard Munch et à droite, « N°32-1978 Orage » (1975) ‘Anna-Eva Bergman

À gauche : « To gutter på stranden » (Two boys on the beach) (1911) d’Edvard Munch et à droite, « N°32-1978 Orage » (1975) ‘Anna-Eva Bergman

i

Huile sur toile / Acrylique et feuille de métal sur toile • 94 x 99 cm / 41 x 33 cm • Courtesy Anna-Eva Bergman et Galerie Poggi, Paris / © Edvard Munch

Découragés par la longue file d’attente devant le musée d’Orsay et les créneaux saturés ? Foncez donc rue Beaubourg, où la galerie Poggi consacre au maître Edvard Munch (1863–1944) une exposition en dialogue avec sa compatriote norvégienne Anna-Eva Bergman (1909–1987). Trois peintures rarissimes de Munch, issues d’une collection privée, répondent ici à l’économie magistrale d’Anna-Eva Bergman, qui sait résumer en une seule ligne une montagne, en quelques bandes de couleurs un horizon. Opposés, leurs travaux ne conversent pas mais s’exaltent, et l’on savoure d’autant mieux la richesse chromatique, la densité et l’extrême sensualité des paysages de Munch, en les voyant face au travail économe et pur d’une artiste récemment redécouverte. À voir. M.C.-L.

Arrow

Anna-Eva Bergman, Edvard Munch : une Cosmologie de l’Art

Du 17 septembre 2022 au 6 novembre 2022

galeriepoggi.art

6. Entre art et design à la Friche de l’Escalette

Lilian Daubisse, La bête endormie

Lilian Daubisse, La bête endormie, 2022

i

Dans le Pavillon 6×9 de Jean Prouvé • Friche de l’Escalette, Marseille • © C. Baraja et E. Touchaleaume / Archives Galerie 54

Aux portes des calanques, cet ancien complexe industriel du XIXe siècle, aujourd’hui réduit à un dédale de ruines, offre, sur trois hectares, un paysage à la beauté sauvage unique qui, depuis 2016 se fait l’écrin d’expositions organisées chaque été par Éric Touchaleaume, à la tête de la galerie 54. On profitera donc des derniers week-ends de la belle saison pour découvrir les étonnants « Objets à réaction poétique » – terme emprunté à Le Corbusier pour désigner ces galets, os ou coquillages sculptés par la mer – semés par cinq artistes contemporains, ici et là. Coup de cœur pour les Formes molles du jeune duo de designers-artistes, Baptiste et Jaïna. Fonctionnelles (cintres, tabourets…) ou purement décoratives, leurs pièces de céramiques d’une folle sensualité s’immiscent joyeusement un peu partout, jusque dans le Bungalow du Cameroun démontable de Jean Prouvé (grande spécialité d’Éric Touchaleaume). Autre pièce qui trompe les sens : La Bête endormie de Lilian Daubisse, hérissée non pas de poils mais de carton ondulé, tapie dans le Pavillon 6 × 9, installé lui aussi dans la friche. Un mélange des genres réjouissant. F.G.



Source link