5 expos gratuites à voir au mois de février


1. À Saint-Nazaire, dessins libres en eaux profondes

Vue de l’accrochage des dessins de Mattia Denisse pour son exposition « Hápax » au Grand Café de Saint Nazaire

Vue de l’accrochage des dessins de Mattia Denisse pour son exposition « Hápax » au Grand Café de Saint Nazaire

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Installé depuis plus de vingt ans au Portugal, le Français Mattia Denisse (né en 1967) bénéficie pour la première fois d’une exposition monographique dans une institution française. Et quelle découverte ! Dessinateur acharné et virtuose, l’homme montre ici plusieurs séries de travaux au fil d’un parcours découpé en chapitres. Son imagination débridée, fille cachée de Roland Topor et des pitreries surréalistes, s’attache sans cesse aux mots et à la littérature, jusqu’à illustrer le cultissime roman de René Daumal Le Mont analogue (dont l’artiste explique qu’il a réalisé huit dessins en moins d’une heure, juste après l’avoir lu en 1983) ou à s’étendre sur des pages imprimées d’une encyclopédie achetée dans une librairie d’occasion de Grenoble. Parfois, c’est drôle (Ève, l’originelle, en fumeuse de cigarettes), parfois c’est bluffant (les 45 couvertures des éditions Tripé), souvent c’est intello-sympathique (comme sa série de « Dessins tautologiques »). Une joie !

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Hápax. Mattia Denisse

Du 11 février 2023 au 30 avril 2023

www.grandcafe-saintnazaire.fr

2. S’asseoir sur les années 1980 à la galerie Ketabi Bourdet

Philippe Starck, Chaise Miss Beasone

Philippe Starck, Chaise Miss Beasone, vers 1984

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Structure en tube d’acier laqué noir, assise et dossier en tissu noir tendu par des fils de coton • 100 × 44 × 41 cm • Édition 3 Suisses et XO, France • © Studio Shapiro

Au musée des Arts décoratifs à Paris, les très extravagantes années 1980 s’incarnent dans un défilé de fringues importables et de meubles post-modernes, insolents, inconfortables et bariolés. Parmi les créateurs les mieux représentés, Philippe Starck (né en 1949) – évidemment. Coup de chance pour les amateurs : la galerie Ketabi Bourdet lui consacre en parallèle une exposition personnelle. La scénographie joue de moquette rouge et de sol-miroir pour répondre à ses assises, lampes et porte-serviettes aux lignes délicieusement datées. Du designer français le plus célèbre du monde, on s’amusera aussi des titres énigmatiques, tirés d’un roman de Philippe K. Dick (Ubik, 1966). Une belle introduction à l’intrigante exposition que lui consacrera le musée Carnavalet dès le 29 mars, intitulée « Paris est pataphysique »…

3. À Lyon, deux regards sur le Japon

Indispensable galerie lyonnaise dédiée à la photographie, Le Réverbère braque ses projecteurs sur deux voyages au Japon. Le premier, c’est celui du géant Marc Riboud (1923–2016), grand photographe de l’Asie – notamment de la Chine et du Vietnam, pays auxquels il a consacré plusieurs ouvrages. L’homme, enfant d’une famille lyonnaise, s’est rendu au Japon en 1958 et a immortalisé les rues, les vitrines, et surtout les Japonaises, à qui il a dédié un livre, Women of Japan. La deuxième, c’est Géraldine Lay (née en 1972), Arlésienne ayant voyagé quatre fois au Japon de 2016 à 2019, toujours à l’automne. Elle a saisi les passants et leurs smartphones, les parcs et les palissades, des moments heureux et des errances, avec un même sens de la composition, une belle sensibilité aux couleurs. Leurs regards se complètent, l’un d’hier, l’autre d’aujourd’hui.

Du 10 septembre 2022 au 11 mars 2023

www.galerielereverbere.com

4. Martin Barré chez Emma Bovary

Martin Barré, 67-Z-12

Martin Barré, 67-Z-12, 1967

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Acrylique et peinture glycérophtalique sur toile • © Fondation Gandur pour l’Art, Genève / © ProLitteris, Zürich, 2023 / ADAGP, Paris, 2023 / Photo André Morin

Le musée des Beaux-Arts de Rouen connaît bien la fondation Gandur – dont l’exceptionnelle collection a récemment nourri une exposition sur l’abstraction à la fondation Maeght –, pour avoir reçu d’elle de jolis prêts d’œuvres d’artistes abstraits, Simon Hantaï en 2020 et Judit Reigl en 2021. Cette année, le partenariat se poursuit avec Martin Barré (1924–1993), dont on aura plaisir à découvrir quatorze œuvres peintes entre 1956 et 1967. Minimaliste, l’homme ne travaille alors qu’avec peu de matière, et ménage de grands espaces vides qui font sonner et résonner la peinture, appliquée à l’aide de brosses et de couteaux vifs. Le geste est là, apparent, tant et si bien qu’on devine l’artiste dansant, hachurant, assuré. Une peinture pure, vibrante, qui ébranle.

5. L’indicible et l’invisible au Plateau

Un voile de mystère nimbe le Frac Île-de-France… Que ceux qui aiment trouver des réponses à leurs questions passent leur chemin ! Bien inspirée, l’institution du 19e arrondissement s’empare avec finesse d’un thème mouvant – l’énigmatique, l’invisible, les métamorphoses – dans une exposition où s’entrecroisent les pratiques de six artistes femmes et qu’introduit un poème de la commissaire Anne-Lou Vicente – « Je suis là / Je vais je viens / Je rentre je sors / Je ne fais que passer / Je m’insinue je m’incorpore / Je me maquille je me déguise / J’avance masquée / Je prends des couleurs / Je me fonds dans le décor ». Qu’y voit-on ? Des photographies et un film de Joanna Piotrowska (née en 1985), images ambigües mais terriblement attirantes d’êtres et d’objets ; des pièges à souris étrangement domestiques, installés au sol par Nadia Belerique (née en 1982) ; ou encore des cartons récupérés, décomposés et retravaillés par Céline Vaché-Olivieri (née en 1978), où se niche le secret d’une constante re-création.

Distruktur, CAT EFFEKT

Distruktur, CAT EFFEKT, 2011

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Film 16mm HD – Brésil, Russie, Allemagne, Lituanie – 40 min. (still) • Courtesy Distruktur et The Film Gallery / © Distruktur

Du 26 janvier 2023 au 23 avril 2023

www.fraciledefrance.com



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