5 choses que vous ne saviez pas sur Rembrandt


1. Malgré son succès, il a vécu criblé de dettes et a fini ruiné

Loin du cliché du génie ignoré, Rembrandt (de son prénom) a connu le succès de son vivant : les bourgeois d’Amsterdam font la queue pour qu’il leur tire le portrait, les érudits s’arrachent ses estampes – dont l’artiste fait lui-même fait monter la cote en les achetant secrètement… Rembrandt n’a pourtant jamais accumulé que des dettes. En cause, son goût du luxe mais aussi son amour de l’art puisqu’il était collectionneur, possédant même une œuvre du Vénitien Giorgione. Pour retarder le couperet, Rembrandt paie ses créanciers avec des promesses de tableaux… qui n’arrivent jamais. Il comparait finalement en 1656 devant la chambre des débiteurs insolvables, contraint de laisser ses biens partir aux enchères et de quitter sa belle maison de Jodenbeestraat, l’actuel musée Rembrandt d’Amsterdam.

Rembrandt, Autoportrait en Apôtre Paul

Rembrandt, Autoportrait en Apôtre Paul, 1661

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huile sur toile • 91 × 77 cm • Rijksmuseum

2. Il a été poursuivi pour concubinage et a fait interner sa compagne

En 1642, Saskia Van Uylenburgh, l’épouse adorée et muse du peintre, décède. Rembrandt demande à sa servante Geertje Dircx d’élever son fils Titus. Une liaison s’installe mais l’artiste rechigne à épouser Geertje, jusqu’à leur séparation en 1649. Rembrandt consent d’abord à verser une pension importante à son ex-compagne mais celle-ci l’attaque en justice pour promesse de mariage non-tenue. Elle le gagne mais Rembrandt fait interner son ex-amante à Gouda, dans ce qui s’apparente à un asile d’aliénés. Les relations sont bien moins tumultueuses avec Hendrickje Stoffels, sa jeune servante dont il s’éprend en 1649, mais alors que le concubinage est prohibé par l’Église, la naissance de leur fille Cornelia en 1654 vaudra une excommunication à la jeune femme par le Synode pour « fornication ».

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Rembrandt, Jeune Femme au lit

Rembrandt, Jeune Femme au lit, 1645

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huile sur toile • 81,1 × 67,8 cm • National Gallery of Scotland

3. Son chef-d’œuvre La Ronde de nuit a été découpé, attaqué à l’acide…

C’est probablement l’œuvre la plus fameuse du maître, au destin fragile. La Ronde de nuit (1640) manque la destruction lorsqu’elle est reçue par ses commanditaires mécontents de la Compagnie des Arquebusiers. Ils se contenteront de ruiner la réputation de l’artiste. En 1715, lors du transfert de la toile à l’Hôtel de ville, on la découpe en haut et en bas pour qu’elle puisse franchir les portes. Après son installation au Rijksmuseum au XIXe siècle, l’œuvre a ensuite déchaîné les passions : elle est attaquée une première fois de douze coups de couteaux en 1975, puis une seconde fois d’une projection d’acide sulfurique en 1990. Plus lourd de conséquences que ces attentats manqués, le bitume de Judée servant de couche préparatoire menaçait d’un assombrissement constant jusqu’à disparition de la composition, qui n’a en fait jamais été une scène nocturne… En 2019, un vaste chantier de restauration public permet enfin de stabiliser La Ronde de nuit.

Rembrandt, La Ronde de nuit

Rembrandt, La Ronde de nuit, 1642

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Huile sur toile • 379,5 × 453,5 cm • Rijksmuseum, Amsterdam • © Rijksmuseum, Amsterdam

4. Son handicap visuel l’a peut-être prédisposé à la peinture

En 2004, deux neuroscientifiques, Margaret S. Livingstone et Bevil R. Conway, mènent une étude sur les 36 autoportraits de Rembrandt. Dans 35 d’entre eux, on observe que par rapport à l’œil droit qui fixe le spectateur, l’œil gauche dévie de 10 à 30 degrés. En d’autres termes, Rembrandt souffrait d’un strabisme divergent, et ce dès son jeune âge. Incapable de tirer une vision nette de l’espace, le cerveau se concentre sur l’information captée par un seul œil, entraînant comme chez les borgnes une vision en deux dimensions. Est-ce que cela aurait facilité le travail de composition pour l’artiste ? Ce trouble visuel lui a-t-il permis de devenir le grand peintre qu’il est devenu ? Rembrandt n’est pas seul d’ailleurs : Livingstone et Conway estiment que 28% des peintres en souffrent, contre 5% de la population générale. Une théorie toutefois sujette à controverse…

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Rembrandt, Autportrait avec cape et col en fourrure

Rembrandt, Autportrait avec cape et col en fourrure, 1634

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Huile sur toile • 58,3 × 47,5 cm • Coll. SMB, Gemäldegalerie, Berlin • © akg-images

5. C’est l’artiste préféré… des voleurs de tableaux !

Si Rembrandt détient un record, ce n’est pas celui du nombre d’autoportraits peints, mais de tableaux volés ! En 2012, l’Art Loss Register, société privée basée à Londres, recense 337 tableaux disparus, ce qui en fait le maître ancien le plus « coté ». Parmi les cas les plus célèbres figurent Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée (1633), unique marine connue de Rembrandt, dérobée au Isabella Stewart Gardner Museum de Boston en 1990. Heureusement, des toiles dérobées retrouvent parfois leurs cimaises, comme par exemple le Portrait de Jacob de Gheyn III (1632) volé et retrouvé quatre fois à la Dulwich Picture Gallery entre 1966 et 1986 ou l’Enfant à la bulle de Savon, dérobé en 1999 au musée de Draguignan avant d’être restitué en 2014 et finalement… désattribué.

Rembrandt, Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée

Rembrandt, Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée, 1633

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Huile sur toile • 160 × 128 cm • © Spatsibeau

6. Les experts ne se mettent pas d’accord sur ses attributions

Avec le succès de la peinture hollandaise du Siècle d’or au XIXe siècle, les experts s’enthousiasment pour Rembrandt jusqu’à lui attribuer un nombre incalculable d’œuvres : jusqu’à un millier ! Face à cette inflation, le Rembrandt Research Project (RRP) est fondé en 1968 pour resserrer la liste des œuvres originales en excluant la production de l’atelier, employant des procédés scientifiques censés faire autorité. Les désattributions pleuvent, pour que l’œuvre peint original pointe à 250 numéros en 1989. Aujourd’hui, on lui en attribue aux alentours de 300. L’avis du RRP ne fait pourtant pas consensus et, contre son avis, la Frick Collection de New York, les musées de Dahlem à Berlin et le Louvre maintiennent le nom de Rembrandt sur des cartels sujets à controverses (respectivement pour Le Cavalier polonais, L’Homme au casque d’or et Le Philosophe en méditation).

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Rembrandt, Le Philosophe en méditation

Rembrandt, Le Philosophe en méditation, vers 1632

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huile sur toile • 28 × 34 cm • Musée du Louvre, Paris • © akg-images / André Held



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