Soixante ans qu’il nous emballe. Né en 1935 en Bulgarie, Christo s’est fait connaître du grand public grâce à des installations aussi monumentales qu’improbables : « l’empaquetage » de monuments ou encore de paysages, en collaboration avec sa compagne aujourd’hui décédée, Jeanne-Claude (1935–2009).
À la fin de l’été 1985, Christo a déjà emballé une vallée du Colorado (1970), le monument en hommage à Léonard de Vinci sur la place de la Scala à Milan (1970), des îles dans les Keys, non loin de Miami, et s’apprête à inaugurer sa nouvelle création et non des moindres : l’emballement du Pont-Neuf, à Paris. « Je voulais faire un projet à Paris qui était très lié à l’histoire de l’art et la culture », explique dans ces images d’archive, extraites de Télématin, l’artiste qui rappelle combien ce pont, le plus vieux de la capitale, a inspiré les artistes (parmi lesquels Auguste Renoir, Félix Vallotton ou encore Albert Marquet).
De modèle, le Pont-Neuf « devient lui-même une œuvre d’art, une sculpture géante ». Géante, c’est peu dire ! Pour voir le jour, ce projet fou nécessitera à Christo et Jeanne-Claude 10 années de travail. Financé sur les deniers personnels du couple (3 200 000 dollars obtenus en partie grâce à la vente de dessins préparatoires), il a nécessité pas moins de 40 000 m2 de toile et 12 tonnes de câbles d’acier. Sans oublier les importants moyens humains déployés : plus de 1 000 personnes ont pris part au projet. Une œuvre hors normes – elle ne sera visible que 15 jours ! –, à l’image de la créativité du couple qui devait, ce printemps, faire l’objet d’une exposition rétrospective au Centre Pompidou, pour l’instant reportée. L’emballage de l’Arc de triomphe en septembre prochain, est quant à lui maintenu !